San Francisco – Une virée dans Mission District
Mission Dolores
Il faut bien l’avouer, vous avez beau être curieux, ouvert d’esprit et déjà sorti de votre petite ville de province, quand le bus qui a descendu le boulevard Van Ness vous laisse au croisement de la 16ème, vous n’en menez pas large. Vous êtes à Mission District. Il y a bien longtemps des pionniers posèrent ici leurs valises et fondèrent la Mission Dolores, qui en s’agrandissant devint une ville, San Francisco.
Dans les guides, c’est un quartier animé, plutôt latino. Animé, oui ! Mais ici sur ce trottoir, ce mot prend un autre sens. Vous croisez un mec bourré qui rase les murs, un autre qui parle tout seul, un black aux yeux exorbités injectés de sang, un autre avec des croûtes pleins la face. Ici la drogue est dure. Partout des groupes de gens qui occupent les bancs, le trottoir. Ils ne vous emmerdent pas, ne vous demandent pas un penny, ils ne vous voient pas. Essayez d’en faire autant. Ou du moins de pas aller leur taxer des clopes.
Car ici plusieurs mondes semblent vivre côte à côte sans se voir. Vous allez vers un bar rock un peu hipster, attirés par une musique. Vous entre-apercevez des mexicains qui font la chenille devant un autel, ça doit être une église. Mais vous détournez vite parce qu’un gangsta devant l’entrée vend des doses. Voilà ce que serait Mission District. Rien à voir en tout cas avec l’environnement très WASP côtoyé à Los Angeles.
Alors, où boire un verre dans ce bazar ?
Au Casanova Lounge, 527 Valencia Street.
Un nom comme ça concentrerait en France les fan clubs de M Pokora et Cristiano Ronaldo. Au bar, la serveuse est tatouée du bout des doigts jusqu’au cou, les bières en pression sont âpres, la population est celle qu’on pourrait voir à un concert de rock. Mais personne ne se donne un style, les gens sont comme ils sont, c’est paisible. On sent bien que la chaise ou le fauteuil sur lequel vous poserez vos fesses en ont vu défiler un paquet. Un beau mobilier en bois mat usé, des tableaux au mur, un lumière tamisée malgré les multiples lustres qui descendent du plafond comme des nuages multicolores. Au fond, un vieux canapé entre de grands rideaux rouges, comme au théâtre. On y est pas trop mal.
Au Kilowatt, 3160 16th Street.
Ici le public et la boisson sont sensiblement identiques, mais ça sent plus l’huile de vidange et la sueur. On vient là pour voir les Giants survoler le championnat de baseball ou regarder des voitures tourner autour d’un ovale deux heures durant en attendant de la tôle froissée. Sur le mur des photos de bolides, des bidons d’huile, des plaques d’immatriculations et de routes. Au fond, de quoi se dégourdir un peu quand on en a marre d’être assis à une table, flippers, billards, fléchettes, le triathlon de l’athlète de comptoir !
Au fait, dans Mission la pinte vous coûtera moins cher que dans votre ville de province.
Vous aurez un creux maintenant, il y a ici de quoi le remplir, avec des cuisines de tous les continents. Wood & Beers n’a pas tout testé pour vous.
A la Panchitas Pupuseria, 3090 16th Street.
Des pupusas, ça vous dit ? Vous n’en savez rien, hein ? Il s’agit d’une spécialité salvadorienne, d’El Salvador, pays d’Amérque centrale plus connu pour ses gangs et son taux de criminalité délirant. Bref, une pupusa consiste en une galette de maïs fourrée de fromage, du poulet, des épinards, c’est servi avec du riz et de la purée de haricots. C’est bon, pas cher et ça cale. Parfait. Par contre évitez de commander autre chose que des pupusas dans une pupuseria, ça peut être long, très long …
Passé le choc initial de misère et sirènes de police au abord de la station de métro, le quartier de Mission District révèle son charme au fur et à mesure qu’on s’y enfonce, ne loupez pas les peintures murales dans un style latin des plus colorés, et n’oubliez pas que le dernier bus est avant minuit !
Virée effectuée en 2015 lors d’un voyage qui nous mena de Los Angeles à San Francisco en passant par le Joshua Tree ou Bryce Canyon.
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