Lors d’un vol long courrier, soit on remonte le temps, soit l’accélère et du coup, on ne sait pas trop si c’est le jour ou la nuit. Les gens ont organisé leur siège comme un minuscule petit chez soi, certains dorment, d’autres regardent un film avec Will Smith sur un écran de 10cm sur 5. La vie va au rythme des repas et des collations, alors qu’au hublot, il se passe des choses passionnantes.

Au dessus du Grand Nord

Je suis assis au milieu de la rangée du milieu. J’aimerais bien me promener dans les allées mais je suis prisonnier. Ah ! Enfin mon voisin a fini sa sieste et va soulager sa vessie. Liberté ! Au fond de l’appareil, je soulève machinalement le rideau d’un hublot accessible. Mais je n’ai été pas prêt à ce qui m’attendait ! Je n’avais jamais vu un ciel aussi bleu. Nous sommes à plus de 10 kilomètres de la terre. Ou plutôt de la glace. Car en bas, des bras de mer s’immiscent au milieu de montagne de glace. Puis , des plaques blanches fragmentées apparaissent, c’est bien des icebergs qui paraissent à peine détachés du continent, ou peut-être d’un iceberg encore plus grand. Quelle beauté, quelle émotion. Nous survolons la côte ouest du Groenland, c’est un spectacle aussi inattendu que bouleversant, que j’aurais jamais imaginé voir en dehors d’un documentaire.

Nous allons vers Los Angeles et l’Ouest américain avec une étape à Denver. Les avions suivent des trajectoires en coupant là où la circonférence du globe est la plus courte. Aux pôles. Le Pôle Nord en l’occurrence. Cet endroit qui n’est pas fait pour les hommes, qui paraît loin de toute civilisation, est en fait une autoroute pour vols intercontinentaux. Il est trop tard pour discuter du bien fondé de la chose. Je ne peux pas décoller mes yeux de la glace. Si, je me tourne vers les enfilades de sièges, il faut que les gens sachent ! Mais ils sont bien trop occupé à rien faire pour que je ne les dérange. Je vais quand même réveiller mes amis de voyages, eux aussi ravis du spectacle. Jusqu’à qu’une hôtesse nous invite vite à rejoindre nos sièges, car elle va servir la soupe.

Dès lors, je n’ai plus eu qu’une obsession lors de chaque vol, regarder par le hublot. Je ne comprends pas comment ça peut indifférer la plupart des passagers. J’ai envie de leur faire une prise de catch et les envoyer dans les cordes pour pouvoir prendre leur place. Plus tard, sur le même vol, des rivières serpentent sur la glace, traçant des courbes au hasard, à l’infinie. Ce paysage désolé semble ne jamais finir. Sommes-nous au-dessus de la baie d’Hudson gelée ou survolons-nous le nord du Québec et ses milliers de lacs ?

Vers la civilisation

Après quelques heures de vol vers le Sud Ouest, voici enfin un signe de civilisation. Ces cercles gigantesques au sol, est-ce de l’art moderne, un message pour les étoiles ? Non, il s’agit de champs de céréales évidemment, nous sommes dans le Midwest américain, mais pas dans les grandes plaines, plus sûrement au-dessus du Nebraska, où les Montagnes Rocheuses commencent à placer ses contreforts. Pourquoi cette forme ? Parce qu’elle est adaptée au pivot d’arrosage !

Des champs circulaires du Midwest

De Denver à Los Angeles, je n’aurais pas accès au hublot, et le jour décline. Pourtant, il doit y en avoir des splendeurs là-dessous. Des canyons de Brice ou Zion aux déserts de Death Valley ou du Joshua Tree. On verra ça depuis le plancher terrestre !

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