Quelques conseils pour un voyage en Mongolie
Quel baroudeur êtes-vous ?
Il y a des voyages qui se préparent plus sérieusement que d’autres. Où certaines négligences pourraient avoir des conséquences plus fâcheuses qu’ailleurs. Par exemple, pour partir dix jours en Mongolie, dans le désert de Gobi, on ne peut pas se dire : “Je louerai une Toyota Yaris sur place et je demanderai mon chemin aux passants.” Les passants sont peu loquaces, le plus souvent bovins ou ovins de leur état. Non, une telle impréparation requiert au minimum une ceinture noire de bourlingue et quelques titres mondiaux d’improvisation.
S’aventurer seul dans le désert de Gobi est possible, mais vous ne trouverez pas de conseil à ce propos ici, puisque nous avions pris les services d’un guide auprès d’une agence locale. C’est ce qui est généralement préconisé dans les forums et guides touristiques. Mais nous n’avions pas planifié plus que ça notre voyage et nous avons eu de la chance. Nous avions choisi l’agence un peu au hasard, et avec du recul voici quelques conseils que je peux donner pour une quinzaine de jours organisés dans le Gobi. Bien avant cet article, notre voyage avait fait l’objet d’une série d’articles sous forme de journal de bord, de récit de notre petite aventure et des anecdotes qui vont avec. Des liens ont été semés dans les lignes qui viennent.
Le confort de voyage souhaité vous orientera dans votre choix. C’est un peu toujours le même : est-ce que vous tenez à votre confort occidental ou vous vous adapterez aux standards locaux ? Sachez quand même que si vous vous prélassez tous les soirs dans un bain moussant, il n’y a pas d’eau dans le désert. Que si vous avez des envies subites de langouste, la Mongolie est loin de tout océan. Cependant, il existe des camps de yourtes avec l’électricité amenée par générateur et des lits douillets. La WIFI ? Pas vu mais ça doit exister. Sinon, on s’arrête chez des nomades installés près des lieux touristiques, c’est dodo sur des planches et on s’éclaire à la lumière du soleil et de la lune (prévoir une frontale dans son sac à dos). Mais ce qui est perdu en confort est gagné en convivialité.
Quel véhicule choisir ?
Un paramètre essentiel du bon déroulement du voyage est le véhicule utilisé par l’agence. Dans le Gobi, tout le monde fait à peu près le même parcours et les étapes sont éloignées les unes des autres de quelques heures de route. De route, ou plutôt de piste. Voire de sentier de montagne. Un couple faisait la même boucle que nous dans un vieux Mitsubishi Pajero des années 1990. Ils arrivaient à destination bien une heure après nous. Et puis il y a le risque de pannes et d’incidents mécaniques. Nous étions dans un fourgon UAZ. Imaginez une estafette montée sur des roues de tracteur. C’est un véhicule de fabrication russe. Le même modèle est fabriqué depuis. les années 60. Ultra-rustique, facilement réparable à coups de marteau, et passe partout, c’est le bolide préféré des guides mongols. Il faut les voir traçant sur les pistes, alignés côte à côte !
Au rayon des inconvénients, ça consomme, du 20 litres au 100. Mais quand on a pris un vol aller retour Paris / Oulan Bator, il est trop tard pour se soucier de son empreinte carbone. Et puis les banquettes arrière sont tape-cul. Prévoir une séance d’ostéo au retour. Sinon, des agences haut de gamme utilisent des gros 4×4 flambant neufs, qui doivent être bien plus confortables. Nous en avons vu quelques-uns qui faisaient les beaux à l’entrée du parc national du Khustain. A voir leur comportement sur les passages montagneux.
Quel accompagnement ?
Pour un tel voyage, il convient également d’être bien entouré. Un guide, un chauffeur ? On passe beaucoup de temps avec eux, alors autant que ça se passe bien. Les chauffeurs sont généralement des mongols expérimentés et propriétaires du véhicule. Ils connaissent les circuits par cœur, tournent soudain après des kilomètres de ligne droite, à des endroits où absolument rien ne l’indique. Le problème est qu’il ne parle pas forcément de langues étrangères. Et il peut s’avérer frustrant de ne pas pouvoir communiquer. Ils peuvent être accompagnés d’un guide, plus jeune, et parlant anglais. C’est un peu comme dans les films, les tandems de flics avec le vieux calme et le la jeune recrue fougueuse.
Les guides commencent ce travail très tôt. Ils expliquent la culture mongole, font visiter, mais aussi cuisinent, s’occupent des relations avec les nomades, gèrent la bourse. Nous avions le tandem parfait avec nous. Surprise, nous avons découvert que nous aurions deux personnes avec nous qu’au moment du départ, mais c’était très bien comme ça. On peut aussi ne prendre les services que d’un chauffeur, selon les budgets. Certains chauffeurs sont joignables en dehors d’agence, il y a des tuyaux sur les forums, comme celui du Routard.
Parlons météo …
Mais que pense Miss Météo de tout ça ? Elle nous dit que le climat en Mongolie est extrêmement continental, avec des hivers parmi les plus rudes au monde et des étés pouvant être très chauds. Le printemps peut voir ces deux facettes en quelques jours et des variations de température spectaculaires selon l’orientation du vent, parfois violent à cette saison. Nous avons même essuyé une impressionnante tempête de sable aux abord des white stupas de Tsagaan Suvarga. Nous y étions fin mai et le mercure oscillait entre 15 et 25 degrés, descendant près de 0 la nuit. Ceci vaut pour le Gobi, les régions sibériennes près de la frontière russe, notamment autour du lac Khovsgol, voient leur hiver durer plus longtemps. Il est donc nécessaire d’avoir une valise bien remplie en vêtements de tous genres. Doudoune, veste polaire, t-shirts, pantalons de rando, bermudas qu’on enlèvera et remettra en fonction.
Le printemps pourrait être aussi la période idéale à cause de la fréquentation. Alors que nous nous installions chez un couple d’éleveur près de Baga Gazriin Chuluu, notre guide nous disait qu’ici, l’été des centaines de Coréens campaient, faisaient des barbecues et riaient très fort. Les voisins asiatiques prennent ce pays à faible densité de population pour un terrain de jeux, lors de semaines passées à faire du quad et de la moto. Le Gobi est vaste, mais les lieux naturels ou culturels à voir ne sont pas légions, aussi spectaculaires soient-ils. Donc tout le monde va au même endroit. Le tableau que dressait notre guide nous paraissait assez insupportable.
Parlons bien, parlons argent.
Donc si on résume. Pour un tour de 10 jours dans le désert de Gobi au départ de Oulan Bator avec Legend Hills, nous avons payé 500 euros soit 50 euros par jour. Qui comprennent :
- les services d’un guide, d’un chauffeur et de son véhicule, un fourgon UAZ.
- l’essence pour environ 1500km
- le gîte confort “standard local” chez des nomades ou des camps de yourtes.
- repas matin, midi et soir, là aussi dans les standards locaux.
On n’a mis la main à la poche que pour les bières et vodka du soir, et un pourboire à l’arrivée. Il s’agit de données datant de 2018 et qui nécessitent quelques vérifications avant de se lancer.
Legend Hills est aussi une auberge au centre de Oulan Bator, loue des chambres autour de 5€ la nuit.
Pour info, et pour pouvoir comparer, l’agence Horseback Mongolie, tenue par un Français, propose à peu près le même circuit dans des standards de confort similaire à partir de 990€, mais avec 2 jours de plus au programme. Ce qui représente un prix supérieur de 65%, mais aussi un peu plus de certitudes au moment du départ, pour les plus prudents d’entre nous.
Pourquoi le Gobi ? Pourquoi la Mongolie ?
C’est bien la question qu’il convient de se poser en premier. Pourquoi aller là-bas, à l’autre bout du continent eurasiatique ? Pour voir des paysages à couper le souffle ? Pour rencontrer une culture bien différente de la notre ? Deux raisons tout à fait valable ! Maintenant, la raison d’un voyage appartient à chacun, mais les seules vues des dunes du Khongor Els ou les falaises du Bayanzag, aussi belles soient-elles justifient-elles autant de kilomètres ? Pourquoi alors ne pas se faire un parcours de la dune du Pilat aux Bardenas espagnoles ? La rencontre de la culture mongole, quelques soirées à boire du thé au lait bien épais ou de la vodka avec des nomades, sentir l’odeur des chèvres semblent un passage indispensable à un road-trip réussi.
Donc bien veiller à ce que l’organisateur du tour prévoit des stops de ce genre. Les chauffeurs ont généralement leurs adresses, quelques vieux amis ou de la famille lointaine dans un coin du désert. Les voyageurs que l’on a rencontré venaient pour quelques mois en Asie et projetaient d’aller dans plusieurs régions du pays. Ou alors ils venaient de pays voisins. Non, venir pour 10-15 jours, c’est un peu juste, même si c’est des souvenirs pour la vie !