Désert de Gobi – Les fossiles de Bayanzag
24 mai 2018, en fin de matinée.
La route est longue, des pistes parallèles se regardent, d’autres s’entrecoupent ou bifurquent. Chaque saison, elles s’effacent et se font par le vent et les pluies. Notre chauffeur Dachka en change machinalement, il n’a ni carte ni GPS. « Computerrr » rigole-t-il l’index pointé vers le cerveau.
On s’arrête à Bulgan, le plus désolé des villages désolés. A l’entrée, il y a le même monument d’inspiration soviétique déglingué qu’ailleurs. Sur la place poussiéreuse, un enfant s’ennuie. Un nomade à moto nous regarde, il a l’air sauvage, il est beau avec son deel et ses traits tannés, mais il y a des bisounours sur la couverture qui protège le réservoir. On a déjà vu ça dans les intérieurs des gens qui nous recevaient, chez Bat ou Torig. A côté des meubles en bois peints aux motifs traditionnels, on trouve des rangements en plastique rose avec des cœurs et des autocollants brillants. Sauvages dehors mais tendres dedans.
De retour sur cette place, comme ailleurs, il y a quelques écriteaux en cyrillique, il faut pousser les portes pour voir quel genre de commerce se cache derrière, à moins d’une habitation. Mais notre guide Eku connaît et nous fait rentrer dans une pièce qui sent la friture, on nous y servira quelques khuusuurs. Notre chauffeur Dachka n’est pas à table, il fait réparer une roue au garage à côté. On le rejoint avec quelques galettes dans une poche en même temps qu’une bande de jeunes motards qui s’imposent. Ils ont les yeux défoncés, ils semblent menacer le garagiste penaud, ça se passe sans éclats de voix, mais malaise ambiant. Un passif ? Est-ce qu’ils lui reprochent de travailler avec des touristes ? Ils repartent aussi vite, nous aussi, désolé mais on n’est pas d’ici.
Les Flaming Cliffs de Bayanzag
La zone est connue de tous les paléontologues. Ici pour la première fois en 1920, on a déterré des œufs de dinosaures, ainsi que de nombreux fossiles exposés dans les musées d’histoire naturelle des grandes villes occidentales. C’est aussi ici que débute, par une découverte macabre, l’intrigue du best-seller Yeruldelgger de Ian Manook. L’UAZ continue à tracer sur la piste et soudain, il y a comme une cassure, comme si le plateau sur lequel on roulait s’était brusquement affaissé, avec comme point de rupture plutôt net, les falaises de Bayanzag.
La terre est rouge. Eku nous dit qu’il a déjà trouvé des os de dinosaures ici, qu’on ferait bien d’être vigilent. Cette colonne vertébrale de Diplodocus est en fait de la pierre polie par le vent depuis des millions d’années. Ce tibia appartenait plus certainement à une chèvre. Ces falaises sont appelées dans les guides touristiques les Flamings Cliffs, car au coucher du soleil, elles semblent s’embraser. Mais nous en partirons avant. Rien à dire, l’endroit est magnifique, mais on se dit qu’il faut aimer rouler pour visiter le pays. Les sites sont remarquables mais pas très étendus, vite vus par rapport au temps de route pour aller d’un point à un autre.
Le camp de ger où nous passons la nuit est tout neuf. Il est entouré de barrières. Des barrières qui délimitent quoi ? Il n’y a que de la poussière rouge à l’horizon. Le mobilier en pin clair semble sortir de chez Fly, aucun motif peint, les piliers centraux ne touchent même pas par terre. Le gérant est tout fier de lancer le groupe électrogène qui permet d’avoir de l’électricité deux heures par soirée. Qu’une tempête de sable balaie tout ça.
[…] Wood&Beers, on n’a jamais vraiment eu la poisse, touchons du wood. On pourrait opter pour Bulgan, Mongolie, sa poussière, son ennui, ses jeunes […]
[…] avale beaucoup de kilomètres aujourd’hui, il y en aura encore pas mal demain jusqu’à Bayanzag. On est secoué sur la banquette arrière de l’UAZ. Nos vertèbres successivement s’étirent et […]