Désert de Gobi – Tempête de sable à Tsagaan Suvarga
Dos au Vent
21 Mai 2018, au petit matin
Qui s’est pelé cette nuit ?
Moi !
Moi aussi
Je suis sorti pisser, oui, ça caille dehors. C’est bizarre, il y a une espèce de mousse blanche sur les touffes d’herbes et sur le dos sur chien (Chien noir qui était couché près de sa niche, je me refusais l’hypothèse que ça puisse être de la neige)
On tape à la porte. Eku, notre guide, rentre avec une thermos d’eau chaude et la boîte de Lipton Yellow:
Salut les gars, il a neigé cette nuit ! Mais pas d’inquiétude, ça va vite se réchauffer.
Des « au revoir » et quelques derniers sourires échangés avec la famille de Bat et nous voici repartis vers le Sud. Dans l’UAZ, on lit, on discute. Eku est féru d’Histoire, nous raconte celle de son pays, nous questionne sur celle de France. On s’arrête pour voir de plus près les premiers troupeaux de chameaux, on avale un thé au lait salé et quelques buuz dans un boui-boui au bord de la route. Il s’agit de ravioles, farcies d’un mélange de viandes indéterminées. C’est bien relevé, quand on les presse, elles dégoulinent de gras. C’est la version cuite à la vapeur des khuusuur mangés à Oulan Bator. Quant au thé au lait salé, il est moins épais que celui de la vieille qui sortait juste du pis de la chèvre. C’est la boisson (sans alcool nationale), si on a peur pour son système digestif, il a toujours le Lipton …
Planète Tsagaan Suvarga
Comme la veille, notre chauffeur Dachka bifurque sur de la piste. Quelques kilomètres plus tard, nous voici en haut de Tsagaan Suvarga. Ces noms font penser à la Guerre des Etoiles, les lieux désertiques aussi, un vaisseau rebelle passerait en rase motte qu’on ne serait même pas surpris. Le vent commence à être violent, c’est le principal désagrément à voyager en Mongolie au printemps, avec des variations de températures spectaculaires d’un jour à l’autre. Mais c’est lui, le vent qui a sculpté l’immensité que l’on contemple depuis le bord de la falaise.
Il y avait la mer ici. Aujourd’hui, c’est totalement aride. On peut descendre le long de couloirs pour mieux lever la tête vers les « White Stupa ». Les stupas, les piliers des temples bouddhistes, ont donné leur surnom à ces formations rocheuses, essentiellement blanches mais que la contenance en métaux colore de rose, rouge ou orange. On peut passer du temps à escalader, photographier, en haut, en bas. C’est franchement magnifique, on est sur une autre planète.
Et puis, l’horizon qui était net se voile d’une teinte jaune avant de se boucher pour de bon. La visibilité se réduit de seconde en seconde, c’est une tempête de sable qui dévore tout devant elle ! Nous avons tout juste le temps de monter à bord du van que le sable tape déjà contre la carrosserie.
Le Diable a bon dos
Notre campement pour la nuit n’est pas loin. Dans un tourbillon, nous sortons de l’UAZ pour rejoindre notre ger, faisant bien attention à rester dos au vent. Une fois la porte fermée, on l’entend siffler longtemps, même les chameaux se plaignent, puis des voix fortes et des bruits de métaux. C’est Dachka, sous l’UAZ, qui bricole avec un autre chauffeur, à grand coup de marteau.
Une fois les éléments calmés, nous allons sous le ger de nos hôtes. L’ambiance chez Torig est calme et sereine, lui est en train de rogner un os imposant. Sans cérémonial superflu, il nous fait passer la tabatière en guise de bienvenue, on sniffe poliment. Des hommes sont assis ou allongés sur le côté autour de la table basse et discutent tranquillement. Notre chauffeur fait circuler un petit verre à liqueur qu’il remplit de vodka au fur et à mesure que les convives le vident. « Toktoï ! » nous dit Dachka, ça veut dire « Santé ! » ou « Tchin Tchin ! ». Puis « Candy » en montrant une coupelle de bonbons sur la table, ce n’est pas pour les enfants, c’est pour se radoucir la gorge que l’alcool aurait brûlé. Ça remplace le Coca en quelque sorte. La vodka locale est à 38° et se laisse boire, elle a un bon goût d’herbe, même si elle pique les lèvres asséchées par l’aridité du climat.
Pour ne pas passer pour des rats, et vu que la bouteille était déjà bien entamée, nous avons apporté la notre achetée le matin même, mais ce que nous ne savions pas, c’est que toute bouteille entamée doit être finie, sinon le diable l’investit et l’alcool se gâte. Le diable a bon dos.
Feeling Gobi est un voyage organisé par Legend Hills, de Oulan Bator.
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[…] ciel a repris sa couleur bleue. Aucune trace de la tempête de sable de la veille. On roule toujours vers le Sud. On s’arrête faire des courses à Tsogt Ovoo. Un ancien bâtiment […]