Des mines de retour à la nature

Les grues n’ont besoin d’aucun papier tamponné par quelques administrations pour aller du nord au sud et du sud au nord. Et si elles ont décidé de poser leurs échasses dans les Landes, personne pour s’en offusquer. Personne pour les ramener à la frontière derrière les Ardennes.

Sur la commune d’Arjuzanx, dans la Haute Landes, à côté de Morcenx, EDF exploite à partir de 1959 des mines de lignite, du charbon de moindre qualité, pour faire tourner une centrale thermique. Plus de 800 personnes travaillent sur le site à son apogée. Les mines qui ont tout donné sont en suite inondée pour que la nature reprenne ses droits. En 1983, les premières grues s’arrêtent, elles qui habituellement filaient au delà des Pyrénées jusqu’en Estrémadure, voire au Maroc. Avec l’essor du nucléaire et l’essoufflement des ressources, EDF ferme définitivement le site en 1992, laissant nombre d’employés sur le carreau et de vastes étendues d’eau pour les migrateurs après réhabilitation. 2 679 ha pour la réserve naturelle d’Arjuzanx, et 40 000 grues en hivernage.

 

Les grues vont finir leur journée aux abords du lac …

Voir des grues cendrées par milliers

Aujourd’hui, le coin est des plus agréables pour se promener, le sentier au bord du lac, le ponton … Et puis, il y a un aspect plus scientifique dans la gestion de la faune et la flore, et la possibilité pour le public d’observer les oiseaux par petits groupes accompagnés. Ce dimanche là, le rendez vous est donné au centre d’accueil à 15h30, et nous voici partis en fourgonnette vers la tour d’observation qui surplombe les pins et le lac squatté. Les grues qui ont passé la journée à manger dans les champs de maïs des alentours, dans un rayon de 10 à 50km arrivent par vagues successives. Des vols en V d’abord espacés puis la fréquence augmente. Les rangs se resserrent et elles passent de plus en plus près de nous.

Pendant deux heures. L’employé du site qui nous accompagne est incollable sur l’oiseau et partage volontiers. D’où elles viennent, où elles vont, comment elles volent, elles mangent, elles se reproduisent, comment on les compte, etc etc … On nous a équipé de jumelles, une longue vue est à disposition. Des photographes au gros objectif sont en planque. 40 000 grues prennent possession des prairies aux abords du lac. On les épie en train de faire une toilette, elles se lisent les plumes pour enlever d’éventuels parasites. Ce n’est qu’ensuite à la nuit tombée, qu’elles vont dormir les pieds dans l’eau, bien à l’abri des renards, leur seul vrai prédateur avec les lignes électriques.

 

Des grues cendrées dans un ciel gris en noir et blanc.

Des nuances de gris

Ce jour là, morne après midi d’hiver, le soleil ne s’était jamais levé, tout était gris. D’où les photos en noir et blanc. Mais un jour dégagé, le ciel s’embrase de rose et d’orange alors que le bleu pâlit, et le lac scintille. Là il n’en est rien, mais tout est calme et paisible une fois le gros des troupes rentré au bercail. Juste le froid qui remonte par la voûte plantaire. Juste au loin, la cheminée de l’usine de bois de Rion des Landes qui rappelle que l’ère industrielle n’est pas fini pour tout le monde. Des anciens salariés se battent contre EDF, meurent et vont mourir de toute l’amiante qu’ils ont inhalé durant des années. Ça casse l’ambiance, mais ça ne doit pas empêcher d’aller sur le site et d’apprécier l’énorme travail de restitution à la nature qui a été fait. C’est juste bien de le savoir.

Bien plus de renseignements sur le site de la réserve d’Arjuzanx.

 

Not a mirador mais but an observatoire

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