On ne se promène pas assez en bord de mer l’hiver. Les couleurs sont différentes à cette période. Les eaux sont d’encre, le soleil sur le sable et les vagues n’agresse pas la rétine. L’air du large fouettant le visage revigore nos chairs ramollies au coin du feu. Les plages des Landes se prêtent idéalement à ce genre de balade, à Moliets ou Contis. Mais y a-t-on déjà vu de la neige ? Sûrement mais pas souvent. Une fois, j’ai vu la plage sous un manteau blanc, mais j’étais loin de chez moi, face à la Baltique.

Feu d’artifice à Hambourg

Le 31 décembre 2009 à Hambourg, les gens sortent du métro des poches pleines de pétards et autres fusées. Des produits interdits à la vente les autres jours de l’année vont exploser au coin de toutes les rues, détonations, projectiles partant en diagonale ou à ras du sol, sans grande vigilance des uns et des autres. Bientôt, on entendra la sirène d’une ambulance au lointain, c’est la tradition.

On est sorti du calme d’Altona pour le fameux Sankt Pauli, le quartier où les marins venaient cramer leur solde en femmes et en alcool. La fête bat son plein sur la Reeperbahn. Une danseuse en petite tenue remue ses fesses nonchalamment, debout sur le bar. Elle tient une bouteille de Heineken à la main. Tout n’est pas d’un bon goût absolu. Quelques bières, un tour au bord de l’Elbe, face au gigantesque port industriel et nous voici au lit à une heure raisonnable.

2010 débute avec le même froid mordant que l’année précédente. Nous voici sous l’impressionnant toit de la gare centrale, dôme d’acier tout en longueur, en forme de bulbe sur sa tranche. L’édifice date du début du XXème siècle et est une des gares les plus fréquentées d’Europe. Le train en partance pour  Lübeck va bientôt être à quai. Ici les trains sont à l’heure et repartent très vite. Nous en avions eu l’expérience quelques jours plus tôt. A trop tarder à descendre à notre arrêt, nous avions dû attendre le suivant, un mal pour un bien. En pleine campagne de Basse-Saxe, la gare de Uelzen est un étonnant bâtiment de style catalan, digne du parc Guell sous la neige.

La gare de Uelzen, un bout de catalogne sous la neige

Lübeck, passé et présent

Bref, à peine descendu en gare de Lübeck, on passe le Holtstentor, colossale porte d’entrée vers la vieille ville, constituée de deux tours cylindriques en briques rouges, surmontées de leur chapeau pointu. Elles font plus grasses que gracieuses par leurs dimensions, ce n’est qu’un premier aperçu de l’opulence passée de la commune. Concordia Domi Foris Pax, peut-on lire au-dessus de nos têtes, soit “Harmonie à l’intérieur, paix à l’extérieur”. Du latin en plein pays de Goethe et de Lothar Matthaus, un héritage du Saint Empire.

Derrière, on peut déjà voir les flèches vert de gris des églises Saint Pierre et Sainte Marie. Au sol de cette dernière gît la cloche originale, fracassée, tombée lors d’un incendie, alors que la Royal Air Force pilonnait la ville en 1942. Quelques joyaux du Moyen Age périrent avec, notamment un orgue dit de “La Danse Macabre”. Un cinquième de la ville fut détruit lors des bombardements de la seconde guerre mondiale.

Lübeck compte aujourd’hui dans les 200 000 habitants, mais la cité fut autour du XIIIème siècle une des plus puissantes d’Europe, car la capitale de la Ligue Hanséatique. La grande association marchande des mers du Nord et Baltique réunissait des ports de Londres à la Russie. Les bâtiments témoins de cet âge d’or sont légions, de rouges brique, dans une architecture bannissant toute courbe.

La mer Baltique sous la neige

Retour au troisième millénaire, les lignes de bus existent désormais et nous voici dans celui qui file vers la station balnéaire de Travemünde, à l’embouchure de la Trave. De coquettes maisons font face aux vagues. Du beau linge doit résider ici pour les weekends et les vacances. Là, maintenant, les promeneurs sont rares. La plage est recouverte d’une couche de neige. C’est peut être habituel ici, ça ne l’est pas pour tout le monde. Le vent descendu de Scandinavie nous transperce de part en part de ses lames fines mais redoutablement aiguisées. Nous ne resterons que quelques instants face à la mer Baltique.

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