Mongolie – Des temples d’Erdene Zuu au lac Ugii
27 mai 2018 à Kharkhorin, dans la matinée.
De notre camp de gers, nous voyons l’imposant mur d’enceinte blanc du monastère d’Erdene Zuu. Nous allons visiter le seul site bouddhiste à avoir, en partie, survécu à la grande purge soviétique des années 20. A l’intérieur, plusieurs temples dédiés à diverses divinités, rivalisant de Bouddha d’or et de riches tapisseries représentant éléphants ou Begtsé mangeuse d’enfant. Le site est fréquenté par des Mongols en pèlerinage, ils viennent se recueillir et tourner le moulin à prières. Nous sommes devant le rare patrimoine matériel de la Mongolie. Il date de 1585, il aurait été construit avec les ruines de Kharkhorin, ancienne capitale de Genghis Khan, avant d’être détruite par diverses guerres …
Le guide nous laisse et nous suivons Eku dans d’autres bâtisses, l’inévitable boutique, puis une salle où les bonzes prient, reprenant des phrases sacrées d’une seule voix grave. Ils ont assis sur quatre lignes, deux et deux qui se font face, dans l’équivalent des places du fond à côté du radiateur, deux enfants moines se mettent des coups de poings dans l’épaule en rigolant le plus discrètement possible. Notre présence semble être une intrusion tolérée dans l’intimité de la prière, quelques autres visiteurs font le tour de la pièce.
Dehors, sur de longues tables, des vendeurs de souvenirs nous appellent, il y a des tabatières, des bijoux et ce qui semble être des antiquités, des pièces de monnaie à la circularité imparfaite, des tampons encreurs, divers morceaux de fer avec des inscriptions en sanskrit ou vieux mongols. On nous tend des calculatrices pour donner un prix. Ces objets semblent avoir traversé les âges, mais surprise ! Il y a exactement les mêmes sur le stand d’à côté. Et oui, s’il s’agissait de vraies antiquités, elles ne seraient peut-être pas sur ces étals …
Sur les rives du lac Ugii
Nous quittons l’ancienne capitale du grand empire que la Terre ait connu. L’UAZ file direction nord, pas loin, vers les rives du lac Ugii. Quelques chalets en bois, peints de couleurs vives, donnent des airs scandinaves. Pour notre dernière nuit sous un ger, nous sommes accueillis par une famille nomade, trois générations du jeune grand père aux yeux rieurs au dernier né. Alors que nous sommes assis du côté des invités avec un biscuit sec et une tasse de thé au lait salé, la maman le change et nos yeux sont attirés par la marque rouge sur ses fesses. Alors notre guide Eku disait vrai ! Il nous avait parlé quelques jours plus tôt de la même tache que tout être de sang mongol partagé, et bon, on pensait qu’il inventait un peu … Papi a lui des talents de mime. Il s’invente une barbe et des cheveux longs, jaloux qu’il est de notre pilosité d’occidental. Et puis il explose de rire.
Ces gens-là sont attachants, mais on tient à profiter des rives du lac avant la tombée de la nuit. Diverses espèces d’oiseaux habitent là, de l’échassier à la poule d’eau, en passant par ce qui est peut-être des sternes. Au coucher du soleil, les couleurs changent en même temps que le mercure descend. Le ciel rosit et se reflète dans l’eau de ce lac lunaire. Il n’y a pas le moindre bruit.
Back to UB
Le lendemain matin, toute la famille est en train de monter un nouveau ger en prévision de la saison touristique. Les femmes cousent, la mamie grondent les enfants qui tournent autour, les hommes amènent la structure de bois. L’occasion est belle d’aider et de voir comment les nomades construisent leur habitat. On lave les perches qui composent le toit, les piliers qui soutiennent le tonoo, le cercle central que le plus grand devra tenir à bout de bras tout à l’heure quand on dépliera les pans de murs tout autour. La communication passe bien, les sourires sont de mise, mais il faut partir vers les embouteillages d’Oulan Bator. Mais c’est bien de finir là-dessus cette boucle à travers les steppes du Gobi et la vallée de l’Orkhon.