Désert de Gobi – Yolyn Am la vallée de glace
La vallée de glace
22 mai 2018, au petit matin
Le ciel a repris sa couleur bleue. Aucune trace de la tempête de sable de la veille. On roule toujours vers le Sud. On s’arrête faire des courses à Tsogt Ovoo. Un ancien bâtiment administratif est transformé en galerie commerciale. Dans un bureau, on vend du tissu, dans celui d’à côté des contrefaçons Gucci etc etc.
On roule à nouveau. Des montagnes se sont dessinées à l’horizon, et puis vers midi, à leur pied, une ville prend forme au fur et à mesure qu’on s’en approche. Il s’agit de Dalanzadgad. Sur la carte, c’est la grosse ville du Gobi, en réalité elle ne compte que 17 000 habitants. Nous n’en verrons pas grand-chose, si tant est qu’il y ait quelque chose à voir, sinon ce quartier animé. Il est midi, dans la rue, les étudiants en uniforme sortent gaiement de cours. Dans la salle d’un restaurant, c’est quasi-complet. La viande, bœuf ou mouton, coupée en émincé, très cuite, avec riz et ses légumes remplissent l’assiette et l’estomac.
Vers Yolyn Am, la vallée des aigles
On laisse l’asphalte vite après la capitale de la province d’Omöngovi et on ne la reverra pas de sitôt. On monte vers Yolyn Am, la vallée des aigles, au dessus des 2000 mètres d’altitude. Mais avant le grand air de la montagne, il faut en passer par une visite du musée à l’entée du parc national. Un musée sur la faune locale qui nous fait dire que les Mongols sont approximatifs en taxidermie. Plus loin, des yacks broutent et s’abreuvent au bord d’un névé. Dans le ciel, les rapaces gigantesques ne sont pas des aigles, mais des vautours. Tout ce bétail, c’est de la nourriture à profusion. Nous avons vu beaucoup de bêtes mortes, les quatre fers en l’air, au bord de notre route, maladies et manque de nourriture … Ce paisible plateau se referme vite sur une vallée encaissée au fond laquelle la glace est permanente. On peut marcher sur les côtés ou sur la surface si elle ne glisse pas, quand elle est légèrement fondue et sale, mélangée à la terre. A travers les trous, à l’intérieur des brisures, la glace est d’un pur bleu.
Genghis Khan good man
Le campement du soir a quelque chose de Pyrénéen, sur un plateau les bêtes pâturent sereinement. Mais aucune de ces chèvres ou brebis ne sont à nos hôtes. Eux vivent à Dalanzadgad l’hiver et viennent monter des gers ici lors de la saison touristique. Sacrilège, Monsieur trône tel un pacha sur la banquette de gauche, normalement dédiée aux invités. Il nous tend la tabatière de manière bien cérémonieuse, pendant que Madame nous sert le thé au lait salé, entretient son intérieur, va allumer le poêle de notre ger et fait mille autres choses. Dans ce pays les dames ont l’air plus efficace que les hommes. « Genghis Khan good man, Napoléon good man » répète notre hôte. Plusieurs fois. Parmi les Français présents, il ne trouvera pas d’écho, nous sommes moins nostalgique de l’Empire.
Le soir, notre guide Eku nous fait aussi office de cuisinier, chose qu’il n’aimait pas faire à ses débuts mais à laquelle il a pris goût, nous dit-il. Se faire guider, conduire, nourrir, ce n’est pas une habitude que nous avions en voyage, mais on y prend goût aussi. Nous avons vite eu une relation amicale et non payeur / prestataire. Ces soirées autour du poêle, alimenté par des cacas séchés, sont l’occasion de grandes discussions sur la vie ici et là, les autres régions de Mongolie, le cinéma français, Paris. Sa curiosité est infinie, il espère venir un jour en France, espérons que son rêve se réalise un jour. Et qu’il ne soit pas trop déçu, comme beaucoup de touristes asiatiques qui idéalisent tellement notre pays.