Pays Basque – Sur le Jaizkibel
Au dessus de l’agitation
La côte basque est un endroit dense en population. Les touristes, en plus des locaux, roulent au ralenti sur des axes uniques bordés d’habitations et de commerces. Il y a pire comme endroit, la vie y est douce, mais c’est vrai que ça fourmille. Pourtant, une fois la frontière passée entre Hondarribia et Pasaia, le mont Jaizkibel s’extirpe de cette agitation. Quand on sort de l’affreux nœud routier de Behobia, il est là, massif, sur notre droite, là où il devrait y avoir la mer. On monte jusqu’à plus de 500 mètres au dessus de l’océan Atlantique, laissant petites fermes et restaurants typiques derrière. Restent les chevaux, les fougères et un calme salvateur.
De la tour de Santa Barbara qui regardait jadis d’hypothétiques mouvements de troupes françaises au nord, on domine l’immense zone industrielle d’Irun, l’embouchure de la Bidasoa. En face, les montagnes de l’intérieur du pays, la Rhune, les trois couronnes. De l’autre côté, le Golfe de Gascogne, un tanker qui sort du port de Pasaia, un voilier qui rentre à Hendaye. Des sentiers serpentent dans les pâturages et les genets jusqu’aux falaises qui s’écroulent dans l’océan.
Il n’y a que le 23 mai 1911 que la tranquillité de l’endroit fut troublée par un événement tombé du ciel. L’aviateur Roland Garros participe à la course Paris Madrid, et lors de l’étape qui devait arriver à San Sebastian, il atterrit en catastrophe sur les paturages du Jaizkibel. C’est une panne sèche. Les paysans locaux le dépannent et il se relance en jetant son avion par dessus les falaises.
Un gigantesque chaos de roches
Le restaurant Justiz est un des rares bâtiments de la zone. A gauche de la cours, un chemin descend, c’est l’accès le plus facile au littoral. On se gare, marche 500m dans l’herbe rase, de l’herbe de montagne digne d’une moquette. Ce n’est qu’au dernier moment que le spectacle s’ouvre en contre bas, un gigantesque chaos de roches contre lesquelles s’éclatent les vagues. Ce grand fracas rempli l’espace sonore. Des pierres sombres s’effritent en mille feuilles. Des pierres jaunes aux courbes polies par des millions d’années d’eau et de vent ressemblent à des éponges. Un champ de bataille entre forces titanesques apaisées depuis des millénaires. On saute d’un rocher à l’autre, on se cherche un siège et on s’assoit, saisi par la scène grandiose.
L’endroit le plus beau du monde est à 1h30 de la maison.
Un exemple de randonnée sur le Jaizkibel.
Autre article au Pays Basque sud, sur le monastère de San Juan de Gaztelugatxe.