Sur les routes tchèques – De Třebíč à Telč
Fantômes de Třebíč
Nous roulions sur les routes paisibles et mollement vallonnées du sud de la Moravie, de Olomouc vers Telč. Dans cette région de République Tchèque, à quelques kilomètres de l’Autriche, les bourgs sont propres, des voitures récentes sont garées devant les pavillons. Il en ressort une certaine prospérité, quitte à tomber dans les clichés, plus germanique que slave.
Garés à Třebíč, non loin de la place Charles, une des plus longues d’Europe avec ses 400 mètres. On est vite attiré par la Maison Noire à un coin de rue. Celle qui est aujourd’hui une galerie d’art, au 53 rue Karlovo, intrigue par les peintures parfaitement conservées de sa façade, mêlant inspirations grecques et icônes chrétiennes. Il s’agit en fait de gravures selon la technique dite sgraffite, datant de la renaissance et que l’on retrouve à Prague ou Florence.
Une fois enjambée la rivière Jihlava, on pénètre dans l’ancien quartier juif, fait de maisons basses et de ruelles pavées à flanc de colline. La brasserie Bernard Pivo (pivo signifie bière) n’existe ici que dans notre guide touristique. Plus haut, pour trouver de l’ombre, il faut rentrer dans le cimetière, des pierres tombales recouvertes de mousse, des épitaphes en hébreux. Et soudain, cette prise de conscience, plus personne n’est mort ici depuis 1942. Date à laquelle les Nazis ont vidé le quartier. Ça calme.
Les façades de Telč
Cap à l’ouest vers Telč, petite ville de carte postale. Mais tout d’abord, il s’agit de trouver notre point de chute pour la nuit. L’indication est qu’il faut suivre le chemin à gauche avant l’église d’un village qui n’est pas sur notre carte, mais qu’on a pu repérer au l’office de tourisme de Třebíč. Etait-ce Kninice ou Krasonice ? Ça c’est l’aventure ! Un chemin de terre file au milieu des blés. On s’affaire dans les champs, c’est la saison des moissons. Nous voici dans un corps de ferme. Une jeune femme saute de son tracteur pour nous accueillir, dégaine son appli Booking, nous fait visiter et repart à son labeur.
Soirée à Telč, donc. Entourée d’un lac, entourée de hauts murs et de tours, la place Zacharie de Hradec finit par dévoiler ses façades pastels et joliment peintes. Au milieu, on se croirait dans une boîte de macarons. On a envie de toutes les manger, c’est un coup à laisser ses dents sur un angle de maison. En parlant de manger, il y a des chapiteaux, les gens ont des grandes bières. Peut-être sommes nous en plein festival d’on ne sait quoi ? Ou peut-être est-ce simplement l’été et qu’il faut en profiter. Bref, face à une carte rédigée en tchèque, le hasard nous amène des assiettes de patates et de choux sous la lourde chaleur d’Europe centrale.
Le lendemain nous seront à Cesky Krumlov, à l’extrême sud-ouest du pays …
[…] De la Moravie, les routes tchèques nous mènent à la Bohême, la vraie, pas celle qui achète des lampes en forme de cactus chez Ikea. A l’extrême sud ouest du pays, non loin des frontières autrichiennes et bavaroises, le relief est plus accidenté que les douces collines à blé que nous avions traversées jusqu’à présent. C’est ici, dans les lacets que la Vltava creuse dans la basse montagne, que se trouve l’étrange cité de Český Krumlov, qui selon le guide touristique devrait nous étonner. […]