Aude & Ariège – Top 5 des châteaux cathares
Plus Cathare, tu meurs
Quand vous circulez sur les routes tortueuses entre Aude et Ariège, vous n’êtes pas sans remarquer que quasiment chaque village possède son château ou sa ruine. Un peu comme il y a un fronton par bourg dans le Pays Basque ou une salle de basket dans les Landes. Mais là, c’est un autre patrimoine, un peu plus chargé d’histoire. Nous sommes en Pays Cathare.
Qu’est ce qu’un Cathare ? A partir du XIIème siècle se développe dans cette région et jusqu’à Albi une nouvelle foi, revenant à un Christianisme primaire, rejetant le bling-bling de l’Eglise Catholique. A l’époque les évêques portaient plus de bijoux que Snoop Dog et bientôt des cathédrales aux pointes voulant toucher le Ciel s’élèveraient dans les villes d’Europe. Ils avaient oublié que Dieu avait déjà rejeté le veau d’or quelques années plutôt (c’est dans la bible). Cette foi s’étendit vite, notamment car les messes étaient dites en occitan et non en latin que personne ne comprenait. Et puis elle promettait le paradis à chacun alors que le Catholicisme maintenait le fidèle dans la peur des Enfers. Les Cathares dit Parfaits, les prêtres, étaient vegans avant l’heure, car viande, œufs sont le résultat de la fornication animale. Oui oui.
Pourquoi tant de châteaux en Pays Cathare ? Parce qu’un Cathare n’est pas un Catholique, donc un hérétique. Et qu’à cette époque les hérétiques devaient brûler. Et que les Cathares n’avaient pas envie de brûler. Le Roi de France sous influence de la Papauté se doit de lancer des Croisades contre ceux que l’on nomme à l’époque les Albigeois. Et puis le problème n’est pas que religieux, mais aussi social car la foi cathare bouscule le système féodal établi, et politique, sous fond de guerres entre les Royaumes de France et d’Aragon, avec le Conte de Toulouse au milieu. Au final, c’est le premier nommé qui prendra le dessus et les Cathares auront le choix entre renier leur foi ou brûler vif sur le bûcher.
Top 5 des châteaux Cathares
Voilà pour faire vite, donc si vous passez dans le coin, voici une petite sélection de vieille pierre que vous pourrez voir, des vieilles pierres qui auraient beaucoup à dire …
Le Château de Lagarde
En descendant de la très jolie bastide médiévale de Mirepoix, vous tomberez sur les ruines de Lagarde et le chantier de restauration qui l’entoure. Vous pourrez en faire le tour mais pas y pénétrer, trop dangereux pour votre sécurité.
Degré de grandiosité : 4/5 – Ces hauts pans de mur détruits, ces tours éventrées ont vraiment quelque chose d’impressionnant, presque intimidant.
Degré de catharitude : 0/5 – Figurez-vous qu’il n’en a jamais vu. De simple tour de garde, il se développa, propriété de la puissante famille Lévis, qui compte parmi les bourreaux des cathares. Durant la renaissance sous l’impulsion de Dame Louise de Roquelaure, une avant-gardiste, en fit son nid douillet avec jardins à la Française, statues grecques et tout. Mais il ne résista pas à la Révolution française et fut transformé en carrière. Une histoire insoupçonnable à la vue des ruines actuelles.
Le château de Montségur
Montségur l’ariégeois, étendu au sommet de son piton rocheux, est le plus connu des châteaux cathares, c’était même un village fortifié. Du haut des remparts quand ils se sont pas dans la brume (c’est bien pour ça qu’on n’a pas de photo), on a tout le panorama pyrénéen et côté plaine, on voit jusqu’à Foix.
Degré de grandiosité : 5/5 – L’atteindre demande de 20 à 40 minutes de marche sur un sentier escarpé. Et oui, le département de l’Ariège n’a pas les moyen d’installer un escalator. Et puis respectez le poids de l’Histoire, ne l’attaquez pas en tongues, vous n’êtes pas à Disneyland.
Degré de catharitude : 5/5 – Plus de 200 hérétiques ont brûlé vifs sur ses pierres le 16 mars 1244. On peut encore sentir un léger fumé dans l’air les jours de forte chaleur. Auparavant, il avait résisté à trois sièges et ne céda qu’au quatrième qui dura plus de six mois et mobilisa 6000 hommes.
Le Château de Villerouge Termenès
Quand on arrive dans le petit village de Villerouge Termenès dans l’Aude, on est déçu qu’il ne soit pas aussi rouge que la terre qui colore le paysage aux alentours. Le château est au centre du bourg. Il y a l’intérieur la rôtisserie. Une rôtisserie dans un château cathare, bien vu ! On s’étonne que personne n’ait lancé le charbon de bois Jeanne d’Arc.
Degré de grandiosité : 1/5 – C’est certes un joli château, mais guère impressionnant, c’est juste s’il n’y a pas des géraniums aux meurtrières. Et puis il est situé dans une cuvette, stratégiquement étonnant (pour ce qu’on s’y connaît en stratégie).
Degré de catharitude : 4/5 – Guilhem Bélibaste y fût brûler en 1321. L’histoire de ce paysan devenu le dernier parfait hérétique au contact du noble Philippe d’Alayrac aurait pu inspirer la relation Maître Yoda / Luke Skywalker à Georges Lucas dans la Guerre des Etoiles.
Le Château de Quéribus
Le village de Cucugnan a quelque chose de très méditerranéen. Les gens ont l’accent traînant et ne vont pas se fouler la cheville au travail. C’est bien, c’est reposant. On a juste envie de s’asseoir devant le moulin à vent au sommet des ruelles en pente et de regarder passer le temps et même temps que la vue superbe. Mais quelque chose cloche. Là haut, le château de Quéribus vous surveille.
Degré de grandiosité : 4/5 – Il est, imposant, dense, posé sur son piton rocheux, il a même quelque chose de maléfique. Mais on est dans les Corbières, pas dans les Carpates, tout va bien.
Degré de catharitude : 3/5 – Bien qu’hébergeant nombre de religieux cathares, Quéribus n’intéressa les Croisés que sur le tard. Mais quand ce fut le cas, il ne tint que trois petites semaines avant que son seigneur Chabert de Barbaira (un pseudo ?) n’échange sa vie contre le château. Décevant.
La Château de Peyrepertuse
En face de la vallée, au dessus de Duilhac, se trouve le château de Peyrepertuse. De là, on aperçoit Quéribus. Les soldats communiquaient d’un rempart à l’autre en hurlant selon le sens du vent. Selon les saisons, vous pourrez assister à des spectacles de fauconnerie en ses murs.
Degré de grandiosité : 5/5 – Il est tout en longueur, construit sur une ligne de crête large comme une lame. Vraiment impressionnant vu du pied du village. On se dit qu’il faut être fou (ou ne pas se soucier de la vie ou de la mort de ses ouvriers) pour se lancer dans pareil chantier. Il est surnommé le « Carcassonne céleste »
Degré de catharitude : 1/5 – Encore plus décevant ! Son seigneur Guillaume de Peyrepertuse, pourtant déjà excommunié se soumit sans connaître le moindre siège. Le château devint possession française et servit de défense de la frontière avec l’Aragon. Une telle forteresse, quelle misère !